« Cali n’est vraiment pas ma tasse de thé. Mais là, voir cet artiste déambuler à cloche-pied sur la scène... Total respect ! », lance Martin. Le public du festival du Pont du rock semblait unanime ce samedi, à l’issue du concert de Cali sur la grande scène du « dragon », à Malestroit. Plusieurs milliers de personnes se sont tassés pour ovationner longuement la rock star. Un concert que Bruno Caliciuri (de son vrai nom) a parfaitement négocié. Et ce malgré la déchirure au mollet qu’il s’était faite la veille. L’artiste a débarqué sur scène en béquilles, dont il s’est immédiatement débarrassé au profit d’un mégaphone pour chauffer le public breton. Un public qu’il affectionne tout particulièrement. « J’aime la Bretagne ! », répétera-t-il à plusieurs reprises lors de son show, sous les acclamations des festivaliers.
« Une soirée dédiée aux sans-papiers »
Comme à son habitude, l’artiste s’est attaché à défendre sa conception des droits fondamentaux. « Nous dédions cette soirée à tous les sans-papiers. Tous ces hommes et femmes enfermés dans des centres de rétention », a-t-il clamé. Avant d’interpeller directement le chef de l’État. « Monsieur Sarkozy, monsieur Hortefeux, la jeunesse de France ne vous laissera pas faire », entonne-t-il sous les applaudissements du public. « Le fait qu’il s’engage et se mette à nu de cette manière est vraiment une bonne chose », juge Florence, 24 ans, venue spécialement de Paris pour assister au concert de Cali. « Ça permet de créer une certaine proximité avec le public », continue-t-elle. Sur scène, Bruno Caliciuri affiche avec fierté ses racines espagnoles. Cali, dont le grand-père a combattu le régime de Franco au sein des Brigades internationales pendant la guerre d’Espagne, n’oublie pas « ces réfugiés fuyant le franquisme, que la France a accueilli comme des chiens ». De même, l’artiste partage ouvertement ses passions. Parmi lesquelles le rugby. Cali a notamment joué sous les couleurs de l’Usap, le club de rugby de Perpignan. À l’issue de son show, il a ainsi revêtu le maillot de l’équipe de Malestroit. « N’oubliez pas, samedi, tous au stade », a-t-il finalement lancé. Avant de reprendre ses béquilles, le temps d’un dernier salut. « Chapeau l’artiste ! », s’époumone Martin. Avec 15.000 festivaliers au Pont du rock, ce week-end, à Malestroit, l’association organisatrice, Aux arts, etc., a atteint l’objectif qu’elle s’était fixé. Pour mémoire, en 2007, l’événement avait attiré 12.000 amateurs de rock. Il faut dire que cette année, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens. « En faisant venir des têtes d’affiche comme Cali, Dionysos ou dEUS, on a souhaité élargir notre public. Celui-ci est essentiellement constitué de connaisseurs », explique Damien Le Guével, permanent de l’association Aux Arts etc.
« On se cherche constamment »
« Il faut aussi souligner qu’on passe en fin de mois, et après les Vieilles Charrues et Bobital ! », souligne Damien Le Guével. « Ca peut être parfois compliqué financièrement pour les gens... », renchérit-il. Reste à dresser le bilan de cette édition avant de se projeter sur la prochaine. De fait, rien n’est jamais gagné. « On se cherche constamment », explique Damien Le Guével. L’an passé, la question de revenir à un format d’une journée - au lieu de deux comme c’est le cas depuis trois ans - s’est ainsi posée. « Les travaux de préparation et d’organisation sont très importants sur un tel site. On fait des économies d’échelle en passant sur deux jours... », détaille Damien Le Guével.
Le Télégramme