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correspondant de presse photos et videos

Articles de presse écrits par Rémy Peignard, photos diverses de paysages de Bretagne et d'ailleurs, vidéos, sélection d'articles parus dans des journaux et magazines. Revue de presse.remy.peignard@orange.fr

Chez les disquaires de Bretagne

Un petit disquaire fait encore de la résistance

Dans une économie en pleine mutation, Bertrand Roudot, à Pont-l'Abbé (Finistère), résiste. Ses armes ? La passion et le sens du conseil. City Rock, c'est un magasin de disques tel qu'on se l'imagine : des CD rangés par ordre alphabétique, par genre. Bertrand Roudot, 41 ans, est disquaire, un vrai, comme on n'en fait (presque) plus. Voilà moins d'une semaine, Rennes Musique, l'un des derniers disquaires indépendants, a définitivement tiré le rideau. Alors, comment fait-il, lui, dans une ville de 8 400 habitants ? C'est là le paradoxe. Et dix-huit ans que ça dure ! Le fruit d'une passion, d'un réel engagement. « J'ai toujours baigné dans la musique ; j'ai aussi été dans un groupe quand j'étais jeune. » Monté à Paris pour apprendre le métier, il revient vite au pays bigouden car il y a une opportunité à Pont-l'Abbé. « Le local, ici en plein centre, était disponible. Alors je me suis jeté à l'eau. » Après trois années blanches, il réussit à sortir la tête de l'eau. Il n'y a pas si longtemps, il avait un employé dont il a dû se séparer. Aujourd'hui, il tire « un salaire correct » de son activité. « J'ai 4 000 à 5 000 références disponibles. Je me suis mis aussi au DVD à petit prix. » Surtout, voilà ce qui fait sa force : « Quand on me demande un disque que je n'ai pas, je cherche et j'essaie de le trouver. » Il pianote sur son ordinateur pour retrouver le CD dont vous avez entendu un extrait entre deux coupures de pub, à la radio. En France comme à l'étranger. « Ici, on trouve tous les styles, du black metal au chant grégorien. » Des oreilles prêtes à tout entendre C'est aussi ce qui lui plaît dans ce métier. Il assure une sorte de veille culturelle. « J'essaie d'écouter un maximum de choses. Et en parlant avec les clients, ils m'en font découvrir. » Ses derniers coups de coeur, la révélation Renan Luce mais aussi des poids lourds comme les derniers Bashung ou REM. Des goûts sûrs qui ne l'empêchent pas de parler du dernier M.Pokora, idole des cours de collège. Au passage, il lâche un coup de gueule contre les grandes maisons de disques. « On obtient davantage de remises avec les petits labels qu'avec les compagnies importantes. En plus, on doit jongler avec les promos qu'elles imposent, via les pubs. » Un album peut ainsi changer de prix en quelques semaines. « Quand ils font des promos à 10 €, je me dois de suivre. Le client ne comprend pas s'il ne trouve pas le disque à 10 €. Mais, pour moi, à l'heure des comptes, sur un disque vendu 10 €, je ne récupère même pas un euro ! » Cette valse des prix ne favorise pas, non plus, le commerce du disque. Le téléchargement, même en légère perte de vitesse, a contribué à faire déserter les plus jeunes de la boutique. « Ils viennent mais n'achètent pas. Ma clientèle va des jeunes actifs aux retraités. En tout cas, des gens qui restent attachés à la musique de qualité et à l'objet qu'est le CD. »
Renée-Laure EUZEN.
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