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correspondant de presse photos et videos

Articles de presse écrits par Rémy Peignard, photos diverses de paysages de Bretagne et d'ailleurs, vidéos, sélection d'articles parus dans des journaux et magazines. Revue de presse.remy.peignard@orange.fr

Carhaix se bat

Hôpital de Carhaix. Une semaine brûlante
« C’est un Plogoff que nous devons préparer, sinon c’est perdu ». Juché sur un muretin de la préfecture, à Quimper, Christian Troadec canalise la colère des Centre-Bretons. Le maire de Carhaix sait que la semaine sera longue et il a promis de monter la pression pour l’hôpital du Poher.

« Plogoff » : le mot est lourd de sens. La cité capiste avait drainé la Bretagne derrière elle pour gagner son combat contre le nucléaire après de longues et parfois violentes manifestations. Le renoncement à la centrale fut l’une des décisions « symboliques » du nouveau président Mitterrand, en 1981. Hier, les manifestants du Poher, ont prouvé une détermination sans faille appuyée par une organisation parfaitement rodée. Comme à Plogoff, la foule était de tous âges et origines. La colère des Carhaisiens était montée d’un cran samedi après la confirmation que les services maternité et chirurgie seraient fermés vendredi prochain. « Le gouvernement est sur une ligne dure, elle ne nous fera pas mollir, souligne le conseiller général Richard Ferrand, accompagné de son collègue François Riou.
L’enjeu est vital pour notre territoire ». Le conseil général du Finistère votera dans la journée une subvention de 10.000 € au Comité de défense de l’hôpital.

Organisation soignée
La « prise » du centre-ville de Quimper ce lundi était bien préparée. Tous savaient qu’une action aurait lieu, mais la grande majorité a connu la destination dans la matinée. Plusieurs dizaines d’automobiles ont investi les quais vers 9 h, provoquant un vaste embouteillage. L’intendance est ensuite arrivée, camionnettes avec fourches et pelles. Un cortège s’est formé derrière trois sonneurs, pour un petit tour de ville qui s’est dérouté vers la gare. Deuxième occupation : 500 manifestants, chantent, dansent, dans une joyeuse pagaille. Le trafic est interrompu.

Tensions à la préfecture
Troisième séquence, vers midi. Le flot des Carhaisiens a grossi. Ils sont 700 à 800 à revenir au centre-ville. Direction, le plat de résistance du jour : la préfecture. Devant la grille d’entrée, Christian Troadec a préparé ses mots. « Nous nous heurtons à un mur. À chaque demande de discussion, on nous envoie les forces de l’ordre. Mais il n’y a jamais de murs qui ne tombent pas ». Alors qu’un barbecue géant est installé, une bousculade survient avec trois policiers débordés. Un chalumeau branché à une bouteille de gaz est approché des grilles. Les manifestants veulent entrer de force. La tension monte puis retombe. Les gardes mobiles ont été appelés en renfort. Une demi-douzaine de camionnettes bleues se garent en trombe place de la Résistance. Des feux noircissent l’entrée de la préfecture. Des pneus sont enflammés devant le pont Saint-François. Un long face à face commence.
« Nous sommes non-violents »
Les chants se succèdent et les messages : « Nous sommes non-violents » chantés par les femmes, aux premières loges et particulièrement en verve. Au premier rang, des femmes enceintes rendent le message crédible. Les heurts avec les manifestants auront lieu à l’autre extrémité, rue Sainte-Catherine, d’où reviennent des manifestants, les yeux rougis par les gaz lacrymogènes. « Pour faire reculer l’État, il faudra une détermination sans faille, dit Christian Troadec. La violence n’est pas de notre côté mais avec ceux qui ferment un hôpital ». Vers 14 h, les manifestants quittaient Quimper, direction Châteaulin.
Christian Ménard dans le collimateur
Une heure plus tard, les premières blouses blanches apparaissent sur les bords de l’Aulne. Ojectif de l’étape : la permanence de Christian Ménard. Le député UMP, défenseur historique de l’hôpital de Carhaix, a tenu l’après-midi même des propos jugés ambigus sur France 3 Ouest, qualifiant la proposition de Roselyne Bachelot « de moindre mal ». La réaction ne s’est pas fait attendre : pneus brûlés devant la façade, plaque d’identification détruite, locaux investis, souvenirs photographiques brûlés, tracts de campagnes éparpillés au vent... Les manifestants ont tenu le siège jusqu’à 18 h 30 en espérant une conférence téléphonique avec le ministère. Conférence qui ne viendra pas. Lassés, les Carhaisiens ont alors décidé de rallier la capitale du Poher pour réfléchir aux prochaines actions à mener. Non sans s’octroyer un détour par Châteauneuf-du-Faou, le fief de Christian Ménard, afin d’exprimer leur déception par un ultime feu de pneus. La semaine promet d’être longue.

Ronan Larvor et Vincent Lastennet

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