9 Juin 2008
Les militants verts du Pays ; anti-OGM ; antinucléaires ; amateurs de bonne bouffe bio et de bons mots écolos ; pourfendeurs du bitume, de l'urbanisation et de l'économie libérale ; adeptes de la décroissance et des solutions alternatives ; Greenpeace ; Nature-Avenir (l'association organisatrice de l'évènement) ; et même un clown, Jac, « avec un seul « c » pour économiser l'encre »... ils sont tous là, de sortie, au vert, sous un ciel bleu.
Le thème de la journée, c'est « L'alimentation de la terre à l'assiette. » Alors chacun y va de sa recette pour refaire le monde. « Vous en prendrez bien une bouchée ? » A l'ombre, sous la toile du stand de l'épicerie alternative de Guénouvry, Nadine enchaîne des assiettes « méli-mélo ». « Que du bio ! » Au menu, galettes et pâté végétal, plantes sauvages, lentilles, carottes et pétales de coquelicot... « Le tout pour 2,50 € et sans rien jeter ! Alors qu'on arrête, par pitié, de dire que le bio est cher. Il faut juste savoir cuisiner. Mais pas besoin d'être un grand cuistot non plus. » En gros, vous savez vous amuser ? Alors vous savez manger bio.
Goût d'aluminium, plastique et peinture chimique
Bien sûr, il faut dépasser les préjugés. Ce que montre, avec humour, une mini-expo. Sur un premier panneau, une pomme toute rabougrie tient par un bout de ficelle... « Ceci est une pomme bio. Vous pouvez la manger, c'est très bon pour votre santé et celle de votre environnement. Après vous pouvez jeter le trognon, il se décomposera et, avec un peu de chance, ses pépins donneront un pommier. » Sur un second panneau, un tube industriel de compote à boire : « Ceci n'est pas une pomme. Vous pouvez l'avaler, ça a un goût d'aluminium, de plastique et de peinture chimique. Vous pouvez le jeter, ça met plusieurs centaines d'années à disparaître, c'est très nocif. »
Ne pas manger de ce pain-là, c'est cela l'écocitoyenneté ? « Oui. Être écocitoyen, c'est avoir une démarche cohérente au niveau environnement et consommation, estime Damien, un visiteur de La Chapelle-des-Marais, avec sa petite fille dans les bras. Ce sont des petits gestes qui font un grand bien et qui permettent aux générations futures de profiter de l'avenir elles aussi. » Ici, il est donc aux anges. Mais comme la plupart des écocitoyens, il ne tutoie pas les nuages. Réinventer les manières de consommer, d'accord. Mais les deux pieds sur terre. « Au « grand cauzou », l'écocitoyen préfère le « petit faizou » », lance un monsieur chapeauté. Exactement comme les membres du Sel (système d'échange local) du Don : « Nous, on veut montrer qu'on peut donner et recevoir même si on n'a pas de fric. » Et ça marche ? « On est une quarantaine, en majorité concentré sur Guémené. C'est quand même déjà pas mal. »
Alors ? Madeleine, habitante de la commune de 78 ans, repart en tout cas convaincue. « Je dois être aussi écocitoyenne puisque je fais attention à la nature, je jette le moins possible, je récupère tout. » Du coup, ragaillardie, elle se met elle aussi à militer : « Faut arrêter avec toutes ces pubs qu'on nous met par paquets dans les boîtes à lettres. Ça ne sert à rien, on n'en a pas besoin. » L'écocitoyenneté serait-elle contagieuse ? Il faut l'espérer.
Yann-Armel HUET.