Plogoff méritait bien une thèse

Aujourd'hui, Gilles Simon, un Quimpérois, soutient une thèse sur le combat des années 70contre le projet de centrale nucléaire à la pointe du Finistère.

Gilles Simon, professeurd'économie. Il soutient sa thèse,à l'Université de Rennes 1,sur la révolte de Plogoff.

Une thèse sur Plogoff, pourquoi ?

D'abord, c'est passionnant de mener un tel travail dans la durée, dans le temps. C'est un peu fascinant. J'ai choisi d'étudier le mouvement de Plogoff parce que c'est un sujet qui revient dans les conversations. C'est quelque chose qui a marqué les esprits. Tout le monde a son histoire à raconter au sujet de Plogoff.

D'autres grandes luttes antinucléaires ont eu lieu. Qu'est-ce qui fait la particularité de Plogoff ?

Plusieurs choses en même temps. C'est la lutte des petits contre les gros, des Bretons contre des technocrates parisiens. Elle se déroule aussi dans un climat politique tendu, à la fin du septennat de Giscard avec l'invasion du Cap Sizun par les forces de gendarmerie. C'est le combat des gens de Plogoff, alors qu'à Creys-Malville, dans l'Isère, le combat très violent est mené par des gauchistes. À Plogoff, les gens ont mis de la distance vis-à-vis des partis politiques, même si le Parti socialiste s'est beaucoup impliqué en faisant remonter les revendications au niveau national.

Et aujourd'hui, que reste-t-il de cette mobilisation ?

Il reste un symbole, un label qui a été réutilisé. Les anciens de Plogoff se sont mobilisés contre un projet de centre d'enfouissement de déchets nucléaires en Centre-Bretagne. Pour la défense de l'hôpital de Carhaix, on a aussi fait appel à la symbolique de Plogoff, jusque dans l'humour en utilisant une catapulte contre les forces de l'ordre. Plogoff, c'est un symbole qui peut être efficace. Les militants antinucléaires ont gardé leurs réseaux et ils pourraient à nouveau se mobiliser.

Difficile de faire une thèse sur Plogoff ?

On trouve la documentation très facilement et les gens parlent. La difficulté, c'est plutôt la masse de documents et leur maîtrise. On est vite noyé. D'ailleurs, ma thèse est un peu trop longue... (1)

Recueilli par Didier GOURIN.

(1) La thèse de Gilles Simon a été préparée au sein du Centre de recherches sur l'action politique en Europe de l'Université de Rennes 1.