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correspondant de presse photos et videos

Articles de presse écrits par Rémy Peignard, photos diverses de paysages de Bretagne et d'ailleurs, vidéos, sélection d'articles parus dans des journaux et magazines. Revue de presse.remy.peignard@orange.fr

Il fait la galette sur les marchés

Il aime la galette, bien faite, avec du bio dedans
 
Le petit commerce d'Alain Bouchet, sur les marchés, fonctionne selon la boussole Néso : « Nord, Est, Sud, Ouest. Mais aussi nature, énergie, social, origine. » Que du bio et rien de très loin !

Alain Bouchet, de Peillac, est une figure du marché. Un sourire aussi fondant que du beurre fermier. Et une énergie salée pour sucrer la vie d'écologie.

Portrait

 

Sur le marché, son stand de galettes « biau » détonne : devant les biligs, un fouillis de revues, pétitions, tracts et affiches aux messages écolos et rigolos. Sans oublier un bouquin tout écorné, Chemin faisant, d'Alexis, que le client peut feuilleter en attendant sa commande.

Curieux bonhomme. Alain Bouchet a 51 ans et un sourire encore vert. Une sincérité guillerette d'enfant.

Ce crêpier et militant écolo est né à Rennes. Une enfance pas vraiment rose. Un père mort très tôt. Une mère obligée de faire des ménages à droite à gauche. Un frère et une soeur fragiles. On réserve donc à Alain une carrière d'ingénieur et la responsabilité de nourrir la famille. « Le petit garçon de neuf ans que j'étais n'a pas accepté ça, se rembrunit-il. On a voulu que je sois adulte trop tôt. Résultat, j'ai traîné. »

« Ça s'est fini comme dans Dallas »

À 20 ans, il rejoint une communauté dans une ferme en Normandie, près de Lisieux. Pendant cinq ans, il y élève des chèvres au coeur du pays des camemberts. Puis, il suit sa tribu dans un vieux château des Pyrénées. « Ça s'est fini comme dans Dallas, avec des déchirements divers et variés. »

Il devient serveur limonadier, s'inscrit à l'école de crêperie de Maure-de-Bretagne, manque de s'envoler pour le Québec... Et puis débarque à Redon, l'été 2003. « Une claque ! Je ne savais pas que cette région était aussi vivante. » Il trouve son eldorado. S'installe à La Gacilly. Puis à Peillac. En parallèle, il devient entrepreneur salarié d'une coopérative d'activité et d'emploi, Élan créateur, et commence à vendre des galettes sur les marchés.

Commerce équito-proximo-local

Derrière ses biligs, il se mitonne une recette de la vie bien à lui. « Pendant des années, j'ai vécu en colère contre l'homme. Mais sans militer pour autant. Aucune cause ne m'intéressait vraiment. »

Désormais, il clame qu'« on vit une époque formidable ». Et affirme sans rire à qui veut que la galette lui a sauvé la vie. « Je suis heureux de faire du commerce équito-proximo-local. Tous mes fournisseurs sont adhérents à Nature et progrès, comme moi, et habitent à deux pas. Ma farine vient de chez Nicolas Supiot, à Maure, un gars, qui a semé 52 variétés de sarrasin chez lui pour préserver la biodiversité. »

Il a trouvé son credo. Dernièrement, il a décidé de passer un cap supplémentaire en lançant sa micro-entreprise, Biau Bie Naï, blé noir en gallo. « Au fil du temps, j'ai réussi à rosir le tableau. Je sais aujourd'hui que ce n'est pas en criant sur les malheurs du monde qu'on le fait avancer. »

Alain Bouchet est arrivé à la moitié de sa vie. En paix avec lui-même. « Je sors enfin de l'adolescence ! », s'esclaffe-t-il.

 

 

Yann-Armel HUET.
Ouest-France
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