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correspondant de presse photos et videos

Articles de presse écrits par Rémy Peignard, photos diverses de paysages de Bretagne et d'ailleurs, vidéos, sélection d'articles parus dans des journaux et magazines. Revue de presse.remy.peignard@orange.fr

le retour des vieilles stars

ROCK. --Deep Purple, The Doors, Genesis, The Who, Trust... Les papys du rock font de la résistance et les reformations sont à la mode. Panorama de succédanés en chasse de leurs succès d'antan

Des stars et des ersatz
:Stéphane C. Jonathan



The Doors. Rebaptisé Riders On The Storm, le groupe a recruté un remplaçant pour Jim Morrison et se produit ce soir à San Sebastian
PHOTO DR
Aux promoteurs de spectacles qui, dans les années 1980, proposaient un pont d'or aux trois Beatles survivants pour qu'ils remontent sur scène ensemble, George Harrison répondait avec une ironie toute British : « Les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon sera mort. » Au-delà du bon mot, la formule assénait une vérité : l'impossibilité de réactiver une aventure mythique sans l'ensemble des protagonistes de l'histoire originelle.
Une évidence dont ne s'embarrassent pas forcément toutes les grandes gloires du rock-business : l'an dernier, Pete Townshend et Roger Daltrey ont publié un nouvel album sous le nom de The Who (le premier depuis un quart de siècle) et ce en l'absence de l'autre moitié de leur quatuor, justifiée par un mot d'excuse du médecin légiste. Mais céder à la tentation de raviver une flamme, c'est prendre le risque de la faire vaciller. Les exemples sont légion. Souvent vains.


Portes rouvertes. Quarante ans après sa formation, le groupe californien The Doors est allé plus loin encore, en donnant une mauvaise réponse à une mauvaise question : comment ressusciter une figure légendaire comme Jim Morrison, son charismatique chanteur mort à Paris il y a 35 ans ? Le remplacer par un ersatz est le pari salement gonflé relevé par deux des Doors originaux, le claviériste Ray Manzarek et le guitariste Robbie Krieger. Et c'est avec le recrutement d'un chanteur anglais de vingt ans leur cadet (Ian Astbury, du groupe The Cult) que les Portes ont été rouvertes.
Hurlant avec la majorité des fans qui assimilent cette reformation bâtarde à une profanation de sépulture , John Densmore, batteur du groupe mythique, a interdit à ses anciens collègues d'appeler leur nouveau groupe The Doors. Croyant avoir trouvé une parade légale, la nouvelle formation s'est donc baptisée The Doors (en gros) Of The 21st Century (en petit)... jusqu'à ce qu'un nouveau procès les pousse à opter pour Riders on the Storm, du titre d'une des chansons phares de leur répertoire. Ne restait plus qu'à envoyer le nouveau chanteur s'acheter le même pantalon et le même ceinturon que feu Morrison, pour mettre en branle la machine à illusions.


Fantasmé. La nostalgie aidant, les spectateurs viendront par milliers, ce soir à San Sebastian, applaudir ces Doors clonés. Pas forcément dupes du manège, mais simplement portés par leur amour d'un répertoire culte. Et par le désir plus ou moins conscient de s'engouffrer dans une improbable faille spatiotemporelle pour s'imaginer vivre un événement fantasmé.
Forcément, il est tentant de taxer de crapuleuses certaines reformations de glorieux groupes d'hier. Les Pixies (comme les Sex Pistols avant eux) ont d'ailleurs avoué sans rougir n'avoir repris du service que pour toucher le pactole qui leur avait échappé jadis. Mais on peut aussi envisager une motivation plus noble et purement hédoniste : Deep Purple qui entreprend ce trimestre une vaste tournée crie sur tous les toits son grand plaisir à rejouer « Smoke on the Water » devant des gamins (et leurs parents) surexcités. Quant à Phil Collins, c'est avec une évidente gourmandise qu'il vient de réintégrer Genesis.
Mais les stars d'hier ne se mirent-elles pas dans un miroir aux alouettes ? Suffira-t-il aux musiciens de Trust de reprendre la route pour qu'ils se sentent de nouveau agités par la fougue d'antan, cette rage adolescente ? En pleine sagesse, le chanteur Kent sait, lui, l'inutilité de réunir Starshooter. Et l'explique en une sentence définitive : « On peut remonter un groupe, mais on ne peut pas reformer sa jeunesse. »
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