Da Silva aux victoires de la musique

« Les Victoires ? L'angoisse jusqu'à minuit »

Samedi, à Paris, le Dinannais Da Silva n'a pas été primé comme révélation scène de l'année. Mais l'expérience a déjà un parfum de succès. Il raconte.

Soirée frisson. « Comment j'ai vécu la cérémonie jusqu'à ma prestation sur la scène des Victoires de la musique ? Comme une montée en pression permanente. Je voyais tous les artistes passer tour à tour. Avec mon équipe on se disait tiens, celui-là, il a assuré, lui par contre pas terrible... J'étais de plus en plus angoissé, jusqu'à mon passage à presque minuit ! »

Compétition. « Quand je suis monté sur scène, j'étais très tendu, mais j'ai réussi à prendre du plaisir. On a assuré. Les professionnels ont choisi Grand corps malade. Il le mérite. A un moment, on ne peut pas lutter. Nos univers sont tellement différents qu'on ne peut pas les comparer. La compétition n'a pas lieu d'être. »

Miossec. « Lors de ces Victoires, j'ai discuté avec Miossec. C'est un artiste que je respecte énormément, il a une écriture extraordinaire. Que Superbus ait emporté la Victoire du meilleur album pop rock et non Miossec, ça m'a fait mal pour lui. C'est comme inviter Catherine Deneuve à une cérémonie et donner le prix à Julie Lescaut. »

Katerine bredouille. « Philippe Katerine a retourné tous les festivals de France avec un spectacle époustouflant. Il a été l'invité idéal qui met l'ambiance dans un tas d'émissions télé. Samedi soir encore, il a donné un spectacle de folie. Je ne comprends pas qu'il rentre les mains vides. »

Sans filet. « Mon père est venu du Portugal à pied pour travailler dans la Nièvre comme ouvrier chez Facom. Quand j'ai quitté la maison pour me lancer dans la musique, je suis parti sans filet. Aujourd'hui, ça marche pour moi, je viens d'acheter une maison à Rennes dans le quartier du Thabor. Mais tout peut s'arrêter demain. Je sais seulement que je ferai toujours de la musique, parce que c'est ce qui me permet d'exister. »

Perdant magnifique. « Aujourd'hui, dimanche, je viens de visionner notre prestation télé et elle est super. Il semblerait qu'en plus l'audimat était vraiment bon. Je viens d'avoir le patron de ma maison de disques au téléphone. Il m'a dit que sur le site ITunes, Da Silva caracole en tête des ventes de musique en ligne, on va bientôt dépasser les 100 000 albums vendus ! Quand je pense que mon album Décembre en été est sorti il y a un an et demi à peine ! Quelle année de fou ! »

Fusée. « Une expérience comme les Victoires de la musique, c'est tellement de tension qu'on l'aime autant qu'on la déteste. Ça prend aux tripes. Si tu dépasses tes peurs sur un tel moment, tu en sors grandi. J'ai commencé à jouer dès l'âge de 13 ans, j'ai vu tant de portes se fermer. C'est comme si pendant toutes ces années de galère pour percer avec ma musique, j'avais construit une fusée qui décolle aujourd'hui. »

Recueilli par

Fabienne RICHARD.

Da Silva est monté sur la scène des Victoires de la musique à presque minuit samedi : « Une expérience comme les Victoires de la musique, c'est tellement de tension qu'on l'aime autant qu'on la déteste. Ça prend aux tripes. »

Ouest-France