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correspondant de presse photos et videos

Articles de presse écrits par Rémy Peignard, photos diverses de paysages de Bretagne et d'ailleurs, vidéos, sélection d'articles parus dans des journaux et magazines. Revue de presse.remy.peignard@orange.fr

Quarante ans de chant et de musique en Bretagne

Ronan Gorgiard : « L'originalité de la culture celtique, c'est son mode de transmission. »

Dans L'étonnante scène musicale bretonne, Ronan Gorgiard dresse un époustouflant panorama de la créativité des artistes bretons.

Ce n'est pas un dictionnaire, encore moins une anthologie, mais un survol de quarante années de chant et de musique en Bretagne. Un magnifique album enrichi de plus de 320 photographies et documents, écrit dans un style particulièrement alerte par l'un de ceux qui connaît le mieux le milieu de la musique en Bretagne, notre confrère Ronan Gorgiard, qui a eu l'occasion, tout au long de sa carrière, d'approcher les acteurs de cette extraordinaire épopée celtique.

 

Ronan Gorgiard, comment est né ce livre ?

D'un constat fait par Michel Bescond et Henri Belbéoch, les éditeurs de Palantines, qui s'étonnaient du nombre de festivals et de manifestations musicales, dans tous les genres de musique. Un nombre incontestablement nettement plus élevé en Bretagne qu'ailleurs. Il se trouve que j'avais vécu en direct, depuis une quarantaine d'années, cette « renaissance ». Rennais d'origine, je me suis trouvé à la fois proche des débuts du rock breton et du renouveau de la musique traditionnelle.

Y a-t-il une spécificité bretonne ?

Ce qui fait la spécificité de la Bretagne, c'est que, plus qu'ailleurs sans doute, ses musiciens ont su à la fois préserver un patrimoine très ancien, l'apprendre et s'en inspirer pour en faire une musique moderne, évolutive et finalement capable de s'adapter à tous les styles, à tous les rythmes, à tous les instruments, voire à toutes les machines. Et puis, ceux à qui ils s'adressent, ont su préserver le sens de la fête tribale, de la danse collective, de la communion festive. Ce qui explique peut-être le bouillonnement de ce qu'on peut effectivement nommer la scène bretonne.

 

À quoi doit-on cette spécificité ?

L'originalité de la culture celtique, c'est son mode de transmission oral. Les Écossais pratiquaient ce mode transmission pour se défendre des Anglais, qui s'emparaient de tout pour le détruire. Quand on transmet ainsi sa culture, ça reste vraiment une culture populaire. Nous n'avons donc pas une culture théorique, mais une culture musicale basée sur la danse et sur le chant. Les Bretons sont très sensibles à cette forme de culture. Le génie breton n'est pas de fabriquer des fabricants de tanks mais des musiciens, des poètes, des chanteurs. Comme les Irlandais. Qui, entre nous soit dit, ont perdu leur combat pour sauver leur langue. Alors que les Gallois, qui ont sauvé leur langue, n'ont conservé que leurs choeurs.

Chez nous, comment se traduit ce bouillonnement ?

Dans le livre, je cite quelque 800 noms d'artistes ou de groupes. J'aurais pu en citer des centaines d'autres. Et il en naît deux à trois tous les mois. Le Jardin moderne, à Rennes, rassemble quelque 250 groupes. La Carène à Brest autant. Et Les Polarités à Quimper 150. Et tout ce monde cohabite sans problème. C'est très ouvert. Il n'y a aucune antinomie entre les genres. C'est la musique qui prime. Une musique ouverte à toutes les autres parce qu'elle est modale, c'est-à-dire qu'elle utilise des gammes non tempérées.

L'avenir ?

Il se présente dans le même mode d'évolution. Nous disposons, en Bretagne, d'un extraordinaire réservoir de musiciens. 13 000 à 15 000 de très haut niveau, dont environ 8 000 à la BAS, à qui l'on doit les résultats de cette formation. Un chef d'orchestre néerlandais m'a dit un jour que, selon lui, les cinq ou six meilleurs bagadoù avaient le niveau d'un orchestre symphonique. Heureusement qu'on ne s'est pas contentés de jouer de la musique bretonne en costume, comme cela était le cas jusque dans les premières années 70.

Recueilli par

Jean-Yves MANAC'H.

Ì L'étonnante scène musicale bretonne, par Ronan Gorgiard. Éditions Palantines, Plomelin. 54,50 €.

Ouest-France
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